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Cannes 2008
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17 mai 2008

TROISIEME JOUR

Jésus serait-il revenu ?
Où le journaliste se met à couvert et fait des rencontres qui l’interrogent,
quelque part, au niveau du vécu.

Bon ça y est, il pleut. Depuis quand, j’en sais rien mais au sortir de la projo du documentaire de Daniel Leconte C’est dur d’être aimé par des cons, consacré au procès de Charlie Hebdo à propos des caricatures de Mahomet, vlan, la flotte. C’est tout de même drôle, la pluie, à Cannes : voir les gens censés se faire voir raser les murs est un petit plaisir dont je ne me lasse pas. Comme il n’y avait pas de vent d’Est trop méchant, je me suis dis que ça n’allait pas durer et j’ai eu tout juste. Dix minutes plus tard, le soleil n’était pas là mais la pluie non plus.

J03

En me mettant à couvert (non loin du Pantiero, pour les curieux) j’ai rencontré Bob Damiano. Enfin plus exactement j’ai soigneusement évité de le rencontrer en remettant mes lunettes noires, ce qui, j’en conviens, et vu qu’il tombait des cordes était absolument idiot. Fort heureusement, Bob a rencontré d’autres personnes pour leur tenir la main et la jambe pendant un bon bout de temps.
Bob, c’est un personnage de Cannes comme je les aime (à dose homéopathique) : mégalo, mytho, parano mais pas méchant. Cet ancien animateur de radio libre a, il vous le dira lui-même si vous avez deux plombes à perdre, écrit de magnifiques scénarios qui n’ont jamais été tournés, joué dans de grands films mais à chaque fois son rôle a été coupé au montage, rencontré tout Hollywood en animant les soirées du festival de La Ciotat, a refusé les avances de Romy (Schneider of course) lorsqu’elle était en dépression…

Bob

Bob, c’est un peu comme la chambre d’hôtel dont je vous causais dans le premier post de ce blog : quelque chose de rassurant et d’un rien angoissant. Le fait de savoir qu’il est (encore ? toujours ?) là rassure et intrigue. Du coup, en attendant que la pluie s’arrête, j’ai repensé à un autre personnage récurrent de la Croisette, ou, plus exactement, de l’Esplanade Georges Pompidou, celle qui marque l’entrée du Palais. Des années durant, tous les soirs, à l’heure des marches, du tapis rouge et de Canal +, un mec se promenait dans la foule avec, au dessus de lui, une pancarte sur laquelle était écrit : " Jésus revient ". Le mec était sans doute mystique mais pas prosélyte. Il ne distribuait pas de tracts, ne prêchait pas la bonne parole. Non, rien de tout cela. Il se contentait de fendre gentiment la foule en affichant " Jésus revient "…. Et, en croisant Bob Damiano, l’incontournable, je me suis rendu compte que cela faisait plusieurs années déjà que je n’avais plus vu le mec à la pancarte. Comme je sortais du film de Leconte qui est une vraie leçon de démocratie et de laïcité, je me suis dit que sans doute Jésus était revenu et que le mec à la pancarte n’avait plus de raison, lui, de revenir sur la Croisette.

Une qui revient en force, c’est ma consoeur de France Inter Eva Bétan. Ce matin, au journal de 7H00 elle était en pâmoison pour parler du Desplechin Conte de Noël. Je vous passe le côté " je l’ai vu avant tout le monde et j’ai a-do-ré " juste pour évoquer l’homélie de la grande prêtresse radiophonique qui, en substance se résumait à " ce serait formidable si Desplechin avait la Palme il succèderait ainsi à Pialat ". Désolé Eva, je ne vois pas le rapport entre le cinéma de Pialat et celui de Desplechin. Il y a même, au niveau de mon petit vécu, une différence de taille : le cinéma de Pialat m’aura plus d’une fois bouleversé. Celui de Desplechin, m’emmerde. Ite missa es.

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Commentaires
C
Sacré Bob Damiano ! Perso je l'ai connu entre Cannes et Nice, début 91, sous le pseudo de Michael Simon. Il draguait dans les vidéo-castings (c'était alors le plan bidon à la mode) en se faisant passer pour un important producteur de ciné. Déjà overlooké, grosses lunettes, décolo blondasse, costards voyants, il faisait illusion dix minutes, après tu passais à autre chose. Tu le voyais partout où ça craignait, mais pas à l'ESRA (Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle où j'étais élève) ni à la Cinémathèque ni dans les manifs vraiment pros, genre Rencontres Cinématographiques. <br /> J'ai connu d'assez près sa collaboration foireuse avec une scénariste aussi naze que lui, qui se faisait appeler Tatiana Bastide et qui gagnait sa vie comme concierge d'un gymnase à Nice. Je l'ai vu plus tard sur Mougins cornaquer le vieux Jacques Marin, second rôle sur la fin qui avait monté une troupe de théâtre dont il était sensé assurer la promo. Il assurait surtout celle des petits paquets d'herbes médicinales que les gogos comme lui achetaient une petite fortune dans leur jolie valise en carton pour les revendre moyennant un bénef minable. Toutes les années où il a traîné dans l'ombre de Jacques Marin, Damiano organisait une sauterie à sa gloire dans un salon de thé de la rue d'Antibes où se pressaient trois pelés, un ton et le reste de parasites. Puis Marin est mort de sa belle mort et Damiano s'est fait discret jusqu'autour de 97 où il a retenté le coup du vidéo-casting sans but lucratif (ni d'autre but que de faire parler de lui) avec un obscur metteur en scène de télé du nom de Jude Baumann... Le plan a vite tourné court. C'est là que je l'ai perdu de vue jusqu'à ce que je tombe sur ton blog. Et c'est vrai ce que tu dis, il y a quelque chose de carrément surréaliste à voir que ce mec est encore et toujours là à habiter le petit monde qu'il s'est fabriqué de toutes pièces. Il m'intéressait en tant qu'allumé (je les collectionne) et surtout comme un éventuel sujet de scénar. <br /> <br /> Bon, depuis j'ai lâché le métier pour un autre qui me permet de vivre. J'espère que quelqu'un aura la bonne idée de s'en charger !<br /> <br /> Bravo pour ton blog, j'espère le retrouver l'an prochain.
L
Bonjour ! <br /> <br /> Bob Damiano ? Je l'ai bien connu. Mais j'ai eu moins de mal que vous à l'éviter. Bob Damiano c'est un personnage qui ne déparerait pas dans Groland. Sauf qu'il se prend au sérieux, ce qui fait de lui, au final, un loser d'anthologie. <br /> <br /> Je me souviens qu'il y a une quinzaine d'années il se faisait passer tour à tour pour un attaché de presse, un "commercial", un metteur en scène, un auteur de tubes fraîchement médaillé à l'ordre des Arts et Lettres. Un jour il montait un théâtre, le lendemain il créait une énième association 1901, le week-end suivant il célébrait son quarantième Midem et le mois d'après son trente-douzième Festival du Film. Ce type avait l'aplomb de vous présenter on ne sait quelle vieille pocharbe hantant les allées à la période du Festival comme "la soeur d'Ursula Andress qui avait tourné dans James Bond". <br /> <br /> Bob Damiano c'était le genre à être toujours sur un coup, même que le coup était immanquablement foireux. Il avait le bras à peine plus long que la Victoire de Samothrace et à peu près autant de crédibilité que le mystique que vous décrivez dans votre post (que je ne me souviens pas d'avoir croisé, celui-là). Un fumiste de première dont le seul talent consistait à savoir s'infiltrer, dûment encarté, dans des manifestations (FIF, Midem, Fipa...) où il n'avait absolument rien à faire. <br /> <br /> D'après ce que j'avais appris sur son compte, Bob Damiano vivait d'une alloc (RMI ou allocation handicapé adulte ?) et de la revente de soi-disant herbes médicinales pour le compte d'une boîte de vente directe. En fait d'attaché de presse, il allait coller un peu partout des affichettes pour des salons de voyance et d'obscures conférences sur le "développement personnel". Son carnet d'adresses se limitait à une "radio libre" qu'on ne captait que dans un rayon de trois mètres autour de l'émetteur et à une espèce de stagiaire attardé qui se tapait les chiens écrasés à l'antenne cannoise de "Nice-Matin", la feuille de choux autochtone. <br /> <br /> Heureux d'apprendre à travers votre blog que ce zouave est toujours en vie, et qu'il continue à passer le plus clair de son temps à en faire perdre aux autres. <br /> <br /> Bien à vous.
C
Bonjour Clo2m, <br /> <br /> J'écris ce commentaire pour soutenir que le cinéma de Desplechin s'inscrit dans la lignée de Pialat. C'est d'ailleurs la première chose à laquelle j'ai pensé en voyant les film d'Arnaud Desplechin. Dans la forme et dans le montage on retrouve les même procédés. Il suffit de voir la scène du suicide dans Rois et Reine.<br /> <br /> J'espère de tout cœur qu'il gagnera la palme d'or. C'est incontestablement le meilleur cinéaste français de notre époque.
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