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Cannes 2008
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22 mai 2008

HUITIEME JOUR

Huitième jour : pique nique en Bolivie

Où le journaliste se retrouve la main dans le sac comme tous les autres.

J08Finalement le cap de la mi-parcours s’est bien passé. Il y a une semaine de cela je posais mes valises sur la Croisette pour ce 61e festival et aujourd’hui il me semble que je n’ai jamais tout à fait quitté les lieux depuis une éternité. Le rythme est pris, les projos s’enchaînent, dans les files d’attente, entre deux bousculades, je discute le bout de gras avec les confrères. Il y a également ceux que je croise dans les apéros, parties et autres " happy hours " qui, invariablement me demandent : " tu as vu de bonnes choses ? " ou " qu’est-ce que tu as vu de bien ? " et auxquels, invariablement je dresse la liste de mes nombreux coups de cœur. Signe des temps ? Je n’ai a ce jour pas encore croisé un aigri déblatérant sur le registre nostalgique du " Cannes, c’était mieux avant ". Pourtant, il y a encore quelques années, ils étaient légion à faire la fine bouche, à se rappeler la larme à l’œil un temps que les moins de vingt ans etc. Où sont-ils passés ? Ils ont pris leur retraite ? Ont décidé une bonne fois pour toute que Cannes n’étant plus ce qu’il était, il convenait d’aller planter sa tente sur la lagune en septembre ou à Berlin en février ? Peut-être sont ils tombés au champ d’honneur de la cinéphilie ou sont passés dans une quatrième dimension où le Festival est comme ils ont toujours rêvé qu’il soit.

Si le milieu du fleuve s’est fort bien déroulé, restait tout de même un cap à franchir, un Himalaya à gravir pour, telle une épreuve scout, en sortir conforté dans son statut ; la projection de presse du Che de Soderbergh. Quatre heure et demie de projection, un col classé hors catégorie qui, en toute logique, conduit en pente douce vers la vallée du Palmarès.

J’ai franchi l’épreuve les doigts dans le nez. Même pas piqué du nez, preuve que le film possède d’indéniable qualité. Mais ce qu’il convient ici même de noter c’est la grande première qu’aura constiuté " L’Intermission " au bout de deux heures de projos. La salle Debussy se rallume. On s’étire, on rebranche son téléphone portable. A-t-on le temps d’aller s’en griller une (mais où ? Le palais est non fumeur depuis des années même si on y croise des gugusses en smoking). Lequel, le premier, est sorti de la salle et l’a dit aux autres ? L’histoire de Cannes ne retiendra pas son nom. Toujours est-il que la nouvelle s’est répandue à 8 images secondes (la vitesse accélérée donc) : il y avait à manger dans le hall. Eberlué, j’ai quitté ma place et en effet, une impressionnante armada de sacs papier estampillés d’une étiquette " Che " attendait les accrédités. Dans le sac, une bouteille plastique d’eau minérale, un sandwiche et une barre chocolatée.Che01

Une grande première dans l’histoire du festival. Certes l’accrédité lambda, lorsqu’il n’est pas en projo, a tendance à repérer le moindre buffet. Mais là, hier soir, il aura été bluffé par l’organisation. En plus ce ne fut même pas la cohue. Chacun a pris délicatement son sac, jeté un œil dedans et dépiauté du cellophane son petit sandwiche comme un collégien en cours de récré l’aurait fait de son quatre heures. Vu le nombre de pique-assiettes que l’on trouve parmi la faune de journaleux, certains ne se sont pas privés d’en prendre deux, trois ou quatre pour s’empiffrer discrètement. Mais eux qui, en principe, ont le toast ou le canapé ostensible, la coupette toujours pleine et des miettes sur leur veston se sont fait discrets, un peu honteux et culpabilisés. Moi j'ai eu une pensée émue pour les petites mains qui avaient apposé l'autocollant "Che" sur les 4000 sacs en papier

Che02Une demie heure plus tard, la projo reprenait. Certains on gardé le sac papier en souvenir. Dans quelques années, ils en reparleront avec émotion et si par malheur ils devaient devenir des aigris, se rappelant la petite collation que le festival avait proposé aux 4000 journalistes lors de la projection du film Che, ils diront que Cannes, n’est plus ce qu’il était et que c’était mieux avant.

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